Dans ce livre, nous étudions brièvement les grandes raisons géopolitiques des différents mouvements extrémistes ainsi que la rhétorique de leur propagande. Ensuite, nous émettons l’hypothèse que si des gens, plus que d'autres, sont attirés par celle-ci, cela peut être expliqué par le fait que cette racine fantasmée s’origine aussi dans leur passé enfantin.
Le terme vient de « radical » ou « radicalité ». Radical [radix, la racine] relatif à la racine, à l’essence de quelque chose, ou relatif au radicalisme, « attitude qui refuse tout compromis en allant jusqu'au bout de la logique de ses convictions ».
Le terme vient de « radical » ou « radicalité ». Radical [radix, la racine] relatif à la racine, à l’essence de quelque chose, ou relatif au radicalisme, « attitude qui refuse tout compromis en allant jusqu'au bout de la logique de ses convictions ».
Le terme « Radicalité » signifie lui : complet, total, absolu, qui ne fait pas de concession, contrairement à ce que demande la complexité de la vie et la vie en société. « Quand notre parti ne comptait encore que 7 membres, a écrit Hitler […] il ne tolérait aucun compromis dans l'exercice du seul et unique pouvoir en Allemagne. »
La radicalisation s’énonce alors comme l’aggravation de ce qui se veut total, complet, absolu, refusant toujours plus le réel et tendant vers une racine fantasmée, un âge d’or, que nous retrouvons avec le délire des origines – la race aryenne pour le nazisme ou les salafs, « pieux prédécesseurs » et le premier califat pour les salafistes. A une autre échelle, Erdogan est obsédé par la grandeur de l'empire ottoman, Poutine par la grande Russie de Catherine II, Zemmour par la France des 30 glorieuses, les juifs ultra-orthodoxes par le grand Israël ou Trump par l'Amérique d'avant, d'où son slogan "Make America Great Again".
Avant c'était mieux, l'avenir c'est le passé.
Une seule condition de se diriger vers une nouvelle famille, il faut fusionner.
Il s’agit d’un chemin régressif, vain et nécessairement destructeur, car une telle fusion est impossible, d’où le sentiment de culpabilité : les sacrifices ne sont jamais assez grands.
C'est un chemin social vain et destructeur, car une telle fusion est impossible. Il reste toujours des traces de sa singularité, d’où le sentiment de culpabilité : les sacrifices ne sont jamais assez grands.
L’individu radicalisé abandonne sa vie d’avant, les lieux, les gens, la nourriture qu’il aimait, les vêtements qu’il portait, et ses habitudes. Il adopte les coutumes et les règles de "ses frères", se plie à la volonté d’un chef. Mais tout cela ne suffit pas.
Une seule condition de se diriger vers une nouvelle famille, il faut fusionner.
"Il s’agit d’un chemin régressif, vain et nécessairement destructeur, car une telle fusion est impossible, d’où le sentiment de culpabilité : les sacrifices ne sont jamais assez grands."
"Un groupe se présente comme une famille idéale, quand le passéisme devient un projet collectif organisé, quand il y a désir de fusion de soi dans un « nous », supposant nécessairement des sacrifices et des devoirs à accomplir, une lutte contre tout ce qui s’y oppose, en soi, à l’intérieur et à l’extérieur de l’ensemble"
"Enfin quand s’exprime la volonté d’être à la hauteur d’un guide qu’il faut imiter en tout point, un individu dont on rêve d’être un pâle reflet, mais dont le seul fait d’être un pâle reflet permet de rayonner autour de soi, voire sur l’humanité entière. "
La haine de l'autre, qui vient faire opposition à l'union sacrée promise par le groupe, se trouvait déjà chez lui avant sa radicalisation. Mais il n'avait ni projet officiel pour structurer son désir ni raison officielle d'assouvir sa violence. Le groupe dans lequel il se radicalise va situer l'objet de cette haine, lui donner un vrai visage, un nom, avant d'encourager sa destruction.
Copyright © 2024 Stop Extremisme - Tous droits réservés.
THOMAS BOUVATIER